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Jai Jacob, directeur général et gestionnaire de fonds de l’équipe d’investissement multi-actifs de Lazard Asset Management, crée ses propres classes d’actifs parce que les subdivisions traditionnelles ne suffisent plus. Il a récemment créé l’agriculture durable. Il a également adopté une vision différente des marchés émergents, car cet univers est devenu majoritairement chinois, au moment même où les marchés chinois sont en ébullition.

Relations USA-Chine

Pour Jai Jacob, les relations commerciales sino-américaines constituent le risque majeur pour les marchés, d’autant plus qu’elles ne s’améliorent pas. Il semble que les marchés ignorent toute détérioration après un certain temps, ce qui permet une nouvelle dégradation de ces relations. Selon lui, les mesures actuellement prises par la Chine sur le plan interne ne sont pas si étranges. Le gouvernement chinois est confronté à trois éléments qu’il décrit comme les trois grands fardeaux : l’enseignement, les soins de santé et le logement. Et il estime que, compte tenu de leur caractère social, aucun milliardaire ne devrait plus être formé ici, ou pire, être autorisé à mener la danse. 

« Il y a dix ans, la Chine n’aurait jamais osé prendre de telles mesures, car elle craignait de faire fuir les capitaux étrangers. Aujourd’hui, elle n’a plus vraiment besoin d’eux car son marché de la consommation est devenu suffisamment important ». Bien entendu, selon lui, la poigne du gouvernement n’indique pas une bonne évolution pour les investisseurs. « Nous avons donc considérablement réduit notre position dans ces trois segments. Dès lors, le risque lié aux mastodontes chinois de la technologie doit être considéré différemment. »

Nouvelles classes d’actifs

Le Canadien, qui travaille pour Lazard à New York, souligne également que les classes d’actifs habituelles ne sont plus suffisantes pour un grand investisseur. « Si vous observez la classe d’actifs des marchés émergents aujourd’hui, c’est la Chine qui ressort du tableau. Il est donc devenu impossible de développer une vision des marchés émergents qui ne concerne pas la Chine elle-même. Et pour contourner ce problème, nous avons récemment commencé à créer nos propres classes d’actifs. Voilà pourquoi les investissements thématiques sont de plus en plus populaires et les subdivisions traditionnelles telles que les large caps ou certaines régions géographiques ont moins à offrir. » 

Jai Jacob souligne que lorsqu’on s’attend à ce que quelque chose se manifeste dans les dix prochaines années, il faut lui donner une interprétation de marché via un panier d’actions ou un fonds. Selon lui, c’est comme cela que ça fonctionne dans la pratique. Un investissement doit commencer par une observation, qui doit à son tour être transformée en opportunité d’investissement. Il faut ensuite catégoriser le concept et être capable de subdiviser le problème en plus petits segments. 

Il étaye ses propos par un exemple : « Actuellement, les investissements se concentrent tellement sur le changement climatique à venir que la plupart des gens perdent de vue le changement climatique que nous connaissons aujourd’hui. Or, les technologies mises en œuvre doivent tenir compte du changement climatique actuel, et pas seulement de celui de demain. C’est ainsi que nous avons abouti à l’un de nos nouveaux fonds, l’agriculture durable. Il existe une pénurie alimentaire mondiale alors que parallèlement, la population mondiale continue de croître. De plus, l’agriculture est un grand pollueur. Tous ces problèmes peuvent être résolus en réduisant l’empreinte climatique, en optimisant l’exploitation des terres et la consommation d’eau, etc. » Il conclut que l’ajout de ces fonds offre plus d’options aux investisseurs et qu’il faut adopter une approche moins tactique. « Après tout, si vous croyez en ce thème, vous pouvez l’inclure dans votre portefeuille pour les cinq prochaines années ou plus. »

 

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