Easyvest opte donc résolument pour la gestion passive. Par ailleurs, le néophyte parmi les gestionnaires de patrimoine belges mise fortement sur la numérisation pour relever le défi des économies d’échelle. Il n’en reste que le marché belge de l’investissement reste assez inerte.
2022 a été une année difficile pour les investisseurs. Les portefeuilles classiques, y compris ceux d’Easyvest, combinent actions et obligations pour assurer la stabilité. Or, ces deux actifs ont exceptionnellement subi des revers simultanément l’année dernière. « C’était une année boursière exceptionnelle, mais nous avons constaté que notre stratégie passive a résisté. De plus, les fonds actifs ont été en difficulté », déclare Andrés Jorge Buysse, gestionnaire de patrimoine chez Easyvest.
Malgré les turbulences des marchés, Easyvest a maintenu son approche d’investissement passif et n’a pas réorganisé les portefeuilles en fonction des circonstances. « Nous restons fidèles à notre approche passive et limitons le nombre de transactions au strict minimum afin de maintenir les frais aussi bas que possible. » N’y a-t-il donc jamais eu d’intervention de la part des gérants ? « Grâce à l’intelligence artificielle, nous vérifions si les portefeuilles des clients correspondent toujours à leur profil de risque. Pour ce faire, nous surveillons la valeur à risque des portefeuilles ; si certains seuils sont dépassés, nous pouvons procéder à des ajustements. »
Avec la hausse des taux d’intérêt, les obligations ont fait leur retour, offrant ainsi aux gestionnaires de patrimoine de nouvelles options. « Les obligations ont de nouveau le vent en poupe. Cependant, nous n’en ajoutons plus à nos profils. Dans notre approche, la dette constitue la partie sûre du portefeuille et nous n’allons pas essayer d’en augmenter le rendement. De plus, les investisseurs semblent oublier que les rendements se situent actuellement au niveau de l’inflation, voire légèrement en dessous. Selon nous, les actions offrent toujours le meilleur rendement pour les clients ayant un horizon suffisamment large », déclare Michel Ulaj, gestionnaire de patrimoine chez Easyvest.
Calme plat
Ces dernières années, les fonds actifs sous-performent nettement. De nombreux gestionnaires affirment que le vent va tourner et que l’investissement actif va de nouveau surperformer. Le climat d’investissement plus volatil offrirait davantage d’opportunités aux gestionnaires actifs. Lors d’un entretien précédent, Easyvest a qualifié ces affirmations de « beaux discours marketing ».
« Nous restons fidèles à notre point de vue. À notre avis, les fonds passifs continueront de mieux performer dans le futur. Des recherches scientifiques ont montré que la gestion active ne conduit pas à une surperformance dans des conditions de marché incertaines ; l’année boursière 2022 en était un bon exemple. Malgré toute la volatilité, la plupart des fonds actifs sont restés à la traîne par rapport aux indices », déclare Michel Ulaj.
Qu’en est-il de l’affirmation selon laquelle la gestion active ajoute de la valeur dans des sous-domaines tels que les obligations ? « Certains fonds obligataires actifs peuvent générer du rendement supplémentaire, mais comme nous l’avons mentionné, nous utilisons les obligations uniquement en tant que compartiment sûr. Nous ne détenons que des positions en obligations d’État européennes et ne cherchons pas à obtenir du rendement supplémentaire dans l’univers obligataire », nuance Andrés Jorge Buysse.
Easyvest adopte également une attitude tout aussi critique à l’égard de la montée en puissance des ETF thématiques. « Nous ne nous impliquons pas là-dedans. Cet intérêt est éphémère et à chaque fois qu’une nouvelle mode apparaît, les ETF thématiques existants disparaissent et se vident », explique Michel Ulaj.
Pas de lourds héritages
DCette année, Easyvest a levé environ trois millions d’euros pour continuer à se développer et attirer un public plus large. Il est alors apparu que le gestionnaire de patrimoine gérait environ 100 millions d’euros d’actifs, un montant relativement modeste dans le secteur, surtout compte tenu de l’augmentation des frais liés, notamment, à la conformité et à la réglementation.
« Dans le cadre de ce tour de table, notre objectif était d’atteindre la barre des 150 millions d’euros dans un délai d’un an. Bien entendu, nous sommes confrontés aux mêmes défis que nos homologues du secteur, mais en tant que nouveau venu et entreprise digitale, nous ne devons pas gérer un lourd héritage informatique de systèmes anciens. Nous avons pu partir de zéro et construire des systèmes évolutifs. Notre position de nouveau venu nous garantit de manière générale une plus grande agilité », réplique Andrés Jorge Buysse.
Lors de l’entretien précédent, Easyvest avait souligné une contradiction typiquement belge. De nombreux Belges ne sont pas satisfaits de leur banque ou de leur conseiller, mais ne partent pas facilement. Le marché est donc assez inerte. « Les Belges restent des Belges. Il est difficile de les secouer lorsqu’il s’agit d’investir. Le changement et l’inconnu suscitent encore souvent beaucoup d’appréhension. L’importance accordée au bon d’État joue un rôle. On observe que les Belges commencent progressivement à chercher des alternatives au compte d’épargne et à regarder au-delà de leur banque/banquier habituel(le) », conclut Andrés Jorge Buysse.
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