Le marché boursier traverse une période mouvementée, notamment le segment des grandes actions technologiques. Un atterrissage en douceur semble néanmoins se profiler à l’horizon. Les investisseurs anticipent déjà une possible relance, notamment dans les actions cycliques et petites capitalisations américaines.
« C’est un moment qu’attendent avec impatience, depuis un certain temps déjà, les investisseurs en petites capitalisations et en actions cycliques », déclare Kristina Hooper, stratège en chef chez Invesco, en référence à la baisse du taux d’intérêt qui va être annoncée mercredi par la Réserve fédérale. « Cette partie du marché va enfin pouvoir prospérer pendant un bon moment, sauf si de nouvelles statistiques économiques éveillent à nouveau la crainte d’une récession. »
La modeste surperformance des petites actions et actions cycliques attendue par Invesco est, à vrai dire, déjà amorcée. Les actions des petites capitalisations américaines surpassent le S&P 500 pour ce troisième trimestre, et ce en dépit d’un récent recul en septembre. L’indice Russell 2000 a enregistré une hausse de 8,8 % ces trois derniers mois, même si l’avancée s’est réduite à 4 % pendant la première semaine de septembre.
Les actions cycliques s’envolent elles aussi, comme on peut le déduire, entre autres, des performances des 493 plus petites actions de l’indice S&P 500 par rapport à celles des fameuses Sept Magnifiques. L’iShares S&P500 Equal Weight Ucits ETF a gagné 7,1 % au cours des trente derniers jours, soit le double de l’indice standard.
L’attractivité de secteurs comme l’immobilier, les services publics et les biens de consommation non durables se renforce à présent que la Réserve fédérale s’apprête à baisser le taux d’intérêt. L’évolution du cours du Consumer Discretionary Select Sector SPDR Fund, qui a augmenté de plus de 7 % au cours des 90 derniers jours, illustre cette tendance.
L’effet positif des baisses du taux sur les actions cycliques et les petites capitalisations s’explique facilement. Des taux plus bas stimulent généralement la croissance économique et les dépenses des consommateurs, ce qui peut bénéficier aux secteurs cycliques.
Des réductions du taux d’intérêt peuvent donner un élan plus important aux petites capitalisations en particulier, qui ont souvent un portefeuille avec beaucoup d’actions cycliques. Les plus petites entreprises sont généralement plus endettées, ce qui les rend plus sensibles aux modifications du taux.
Dans la période suivant la dernière baisse du taux de chaque cycle, le Russell 2000 augmente en moyenne de 36 % au cours des douze mois suivants, avec un rendement cumulé de 42 % sur les 24 mois suivants, selon les chiffres des ETF Global X.
Six baisses du taux sont prévues d’ici la fin 2025 selon les données du CME FedWatchTool. Les traders n’arrivent cependant pas à se mettre d’accord sur l’ampleur de ces baisses.
Des secteurs historiquement attrayants
Les secteurs cycliques, comme les biens de consommation et les entreprises industrielles, profitent souvent de façon disproportionnée de l’accélération économique qu’entraînent ces baisses du taux.
Cette dynamique de marché dépend cependant davantage de la vitesse à laquelle la Fed abaisse le taux d’intérêt, selon Lizz Ann Sonders, stratège en chef chez Charles Schwab. Elle évoque des analyses de Ned Davis Research démontrant que les secteurs cycliques sont souvent ceux qui se portent le mieux lorsque la Fed entame une période de baisses progressives du taux – comme ce que l’on prévoit pour ce cycle. « Au fil du temps, cependant, les définitions des secteurs défensifs et cycliques ont changé », précise Lizz Ann Sonders.
« Ainsi, historiquement, la technologie est classée dans le groupe cyclique mais, dans ce cycle de durcissement de la Fed, les grandes entreprises technologiques ont adopté de nombreuses caractéristiques des entreprises défensives. Elles ont réalisé une performance supérieure au marché grâce aux énormes réserves de trésorerie qui les ont protégées contre des coûts d’emprunt plus élevés », poursuit Lizz Ann Sonders.
« Ciblez la qualité »
Une récente vague de méfiance est apparue parmi les investisseurs vis-à-vis des valorisations des grandes entreprises technologiques aux États-Unis. Malgré le recul actuel, les ratios cours-bénéfices demeurent élevés. Microsoft se négocie actuellement à 32 fois les bénéfices attendus pour les douze prochains mois, soit une baisse par rapport au pic de 35 en juillet, mais toujours largement au-dessus de la moyenne de 25 pour la dernière décennie.
Selon Michael Mullaney, directeur de la recherche sur les marchés mondiaux chez Boston Partners, les valorisations plus basses d’autre segments du marché va par conséquent continuer à attirer les investisseurs au cours de la période à venir. Cela ne signifie pas pour autant que le secteur technologique ne continuera pas à réaliser de bonnes performances, même si l’essor des actions liées à l’IA comme Nvidia est, pour certains, comparable à la bulle Internet.
« Les 493 autres entreprises du S&P500 sont nettement moins chères et vont probablement éveiller l’intérêt des investisseurs. Cela ne signifie pas, par ailleurs, qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain », précise Michael Mullaney. « Les plus grosses actions continuent à générer des revenus à grande échelle. Les choses étaient bien différentes au début du XXIe siècle. »
Lizz Ann Sonders met en garde les investisseurs qui souhaitent se tourner vers les petites capitalisations : l’univers des petites actions est gigantesque, et pas toujours de la meilleure qualité. Elle recommande aux investisseurs de cibler les entreprises de grande qualité, et estime que l’indice S&P Small Cap 600 constitue, à cet égard, un meilleur point de départ que le Russell 2000.