Luc Aben
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« Rétrospectivement, nous aurions pu être un peu plus assertifs concernant les actions américaines », estime Luc Aben. L’économiste en chef de Van Lanschot Kempen opte actuellement pour une légère sous-pondération des actions, avec un accent régional sur le Japon.

« Un peu plus prudent. » Tel est, en résumé, la vision actuelle de Luc Aben sur les actions. Les termes « un peu » et « plus prudent » ont tous deux leur importance. Depuis la mi-septembre, les actions sont légèrement sous pression en raison de la politique de taux élevés pendant encore un certain temps menée par la Réserve fédérale américaine. On observe maintenant une légère baisse des taux d’intérêt à long terme, ce qui pourrait de nouveau apporter un certain soutien aux actions. À la fin de la semaine dernière, nous avons également commencé la saison des résultats de manière relativement positive avec les banques américaines. Cependant, nous devons également commencer à regarder vers 2024. Aux États-Unis, une croissance moyenne des bénéfices de 10 %, tous secteurs confondus, est attendue pour l’année prochaine. En Europe, elle devrait être de 6 à 7 %. À notre avis, cela ne correspond pas entièrement à nos perspectives économiques. Globalement, nous estimons qu’environ la moitié seulement de l’impact des hausses de taux d’intérêt s’est répercuté sur l’économie, avec des conséquences similaires sur les bénéfices des entreprises. »

52 à 53 %

Luc Aben et son équipe maintiennent donc une position « légèrement sous-pondérée » sur les actions. Dans un profil d’investissement neutre, elles représentent environ 52 à 53 % du portefeuille total, contre une pondération neutre de 55 %. « Même chez les investisseurs particuliers, nous observons la même vigilance tranquille », déclare Luc Aben. 
Ces derniers mois, ce sentiment a incité les investisseurs à se tourner davantage vers les obligations à plus longue échéance. « En ce qui concerne la zone euro et le taux d’intérêt de référence allemand à 10 ans, notre objectif était d’environ 2,75 %. Nous avons maintenant plus ou moins atteint ces niveaux, ce qui constitue pour nous un signal pour inclure davantage d’obligations assorties d’une échéance un peu plus longue. Pour cette duration plus longue, compte tenu de nos perspectives économiques relativement prudentes, nous travaillons avec des obligations d’État. Dans cette catégorie, nous ne souhaitions pas accumuler davantage d’obligations d’État italiennes, compte tenu des projets budgétaires de Mme Meloni. »
Selon leurs propres dires, Luc Aben et son équipe adoptent une attitude plus prudente à l’égard des actions depuis environ douze mois. « En Europe, ce raisonnement s’est plus ou moins concrétisé. Le début de l’année boursière a été étonnamment solide, mais depuis le début du mois de février, les actions européennes, au niveau de référence, n’ont affiché qu’une performance négative. » L’économie américaine, en revanche, s’est révélée étonnamment résistante, tout comme le marché boursier. « Nous restons tout de même légèrement prudents, notamment à cause des valorisations élevées, bien que la probabilité d’un atterrissage en douceur aux États-Unis ait augmenté. Rétrospectivement, nous aurions donc pu nous montrer un peu plus assertifs concernant les actions américaines. Notre prudence à leur sujet s’est révélée être un choix moins favorable. »

Fin de partie

L’économiste se montre plutôt optimiste quant aux attentes en matière de taux d’intérêt pour les mois à venir. « Les derniers chiffres de l’inflation aux États-Unis étaient légèrement plus élevés que prévu. Cependant, si l’on exclut les coûts du logement de l’inflation de base, celle-ci n’a augmenté que de 0,1 % en glissement mensuel. La croissance de l’emploi reste satisfaisante, mais le salaire horaire moyen perd un peu de son élan, autant de signaux qui indiquent que la Fed en a fini avec le relèvement de ses taux directeurs. Et la BCE a en fait déjà plus ou moins annoncé qu’elle en avait également terminé, tant que la situation reste inchangée. »
Si une nouvelle hausse des taux d’intérêt devait tout de même avoir lieu, Luc Aben estime qu’elle entraînerait quelques turbulences à court terme. « Cependant, cela ne changerait rien à notre vision, à savoir que les taux d’intérêt à long terme ont atteint leur pic. Bien entendu, la géopolitique, comme la situation au Moyen-Orient ou d’autres cygnes noirs géopolitiques possibles, peut encore avoir un impact négatif sur l’inflation. Cependant, la question est de savoir dans quelle mesure les banques centrales seront capables de faire abstraction de ces facteurs dans leurs prises de décision. »

Japon

« Ce qui nous a surpris pendant un certain temps, c’est la complaisance des marchés à l’égard de la politique des banques centrales », ajoute Luc Aben. « Pendant longtemps, les marchés ont intégré des baisses de taux d’intérêt à cette époque de l’année. Nous n’y avons jamais cru nous-mêmes. Actuellement, on constate que les marchés ne prévoient cette première baisse des taux d’intérêt qu’au deuxième trimestre de l’année prochaine au plus tôt. S’il y a une surprise, ce sera plutôt que les banques centrales – et en particulier celle des États-Unis – réduiront leurs taux d’intérêt plus tôt que prévu et non plus tard. Actuellement, les marchés sont donc très prudents en ce qui concerne l’intégration de futures baisses de taux d’intérêt. » 
Pour finir, Van Lanschot Kempen applique un accent régional dans ses portefeuilles. « Nous sommes séduits depuis un certain temps déjà par ce qui se passe au Japon. Nous observons quelques signes positifs en ce qui concerne l’inflation. Depuis quelques années, la mentalité a également changé en ce qui concerne la gouvernance d’entreprise. Lorsque nous investissons dans des actions japonaises, nous choisissons de ne pas couvrir le risque de change, mais d’investir directement en yens. Selon nous, cette devise est fondamentalement sous-évaluée. »
Si la banque centrale japonaise adopte une politique monétaire un peu plus normale au début de l’année prochaine, cela pourrait provoquer des turbulences à court terme sur le marché actions, observe Luc Aben. « Cependant, nous pensons finalement qu’il s’agit d’un signal indiquant que l’inflation peut enfin se normaliser progressivement, avec un impact positif sur la monnaie. Un fonds d’investissement bien diversifié au Japon constitue un bon moyen d’en tirer parti. »

 

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