Wim Antoons, Head of Asset Management, Bank Nagelmackers
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Investment Officer est en ligne depuis plus de six mois et, au cours de cette période, nous avons déjà réalisé un grand nombre d’entretiens approfondis et d’histoires de fonds dont les principaux acteurs sont des professionnels du secteur belge de l’investissement. Dans les prochaines semaines, nous publierons à nouveau les histoires que vous n’auriez pas pu manquer.

Aujourd’hui, l’entretien avec Wim Antoons, Head of Asset Management chez Nagelmackers.

De l’avis de Wim Antoons, Head of Asset Management chez Nagelmackers, il ne faut pas jongler avec les corrections boursières en anticipant le marché. C’est la raison pour laquelle la position de liquidités des fonds et des portefeuilles des banques privées avant la chute récente du marché boursier n’a quasiment rien atteint. Vu la volatilité accrue et le risque de taux à la hausse, il préconise la valorisation des actions et les investissements alternatifs.

De nombreux investisseurs pensent encore qu’ils peuvent duper les marchés financiers en gardant plus de cash juste avant une chute des cours de la Bourse. ‘Absurde’, explique Antoons dans un entretien avec Investment Officer.

‘Par défaut, on observe que les positions de liquidités atteignent des sommets lors de chaque correction boursière. Malgré cela, un consensus raisonnable règne dans le monde académique d’après lequel les marchés ne sont pas prévisibles. Dans l’univers des gestionnaires de fonds, en revanche, beaucoup pensent encore : « je peux le faire ». Mais dans les faits, les résultats sont désastreux ; vous arrivez toujours trop tard. Tenter de résoudre la volatilité par l’anticipation du marché (market timing), est une piètre stratégie d’investissement.’

L’appétit insatiable de Boucle d’or

Que Boucle d’or prenne la poudre d’escampette, ne fait aucun doute pour Wim Antoons. La surévaluation des entreprises comme Netflix et Amazon est le signe avant-coureur que la petite fille avide aux boucles d’or risque fort bien de s’étouffer dans sa soupe. Pour 2018, Antoons met l’accent sur la valorisation, qui est selon lui la meilleure façon de maîtriser les risques du marché.

‘Si le coefficient de capitalisation des résultats d’un fonds franchit le seuil des 25 %, il est temps de s’en séparer. En raison des conditions de marché idéales, beaucoup d’argent a été investi dans les trackers ces cinq dernières années. Malgré tout, je ne crois pas dans la stratégie smart bêta où l’on tente de pousser de manière forcée des actions de valeur dans un titre indiciel. Il faut vraiment avoir examiné une entreprise sous toutes ses coutures pour l’évaluer correctement : étudier le bilan d’une entreprise est un facteur primordial pour bien sélectionner ses actions.’

Pour ce qui est des obligations, la gestion passive a fait ses preuves, estime Wim Antoons. Le portefeuille d’obligations actuellement sous-évalué de Nagelmackers est en partie investi passivement, exception faite des obligations à haut rendement (High Yield) et de la dette des marchés émergents (Emerging Market Debt), où ces dernières sont pour le moment sensiblement surévaluées dans le portefeuille. 

Placements alternatifs en forte hausse

‘Au fur et à mesure que le taux baissait, un fee actif de 80 points de base s’avérait très difficile. La couverture du risque de taux d’intérêt passe aussi par les trackers. En outre, la part en obligations internationales en cas de taux à la hausse va encore s’étendre. Et un portefeuille d’obligations doit comporter une diversification suffisante pour pouvoir parer les coups.’

Pour optimiser un petit plus encore les portefeuilles défensifs, Wim Antoons mise dans la mesure du possible, sur les classes d’actifs alternatives. ‘Lors des dernières corrections boursières, nos fonds de volatilité ont généré beaucoup d’argent. Nous appliquons aussi des stratégies Long-Short et CTA (NDT : commodity trading advisor) à notre portefeuille.  Et nous tenons à jour des listes de nouveaux prestataires de fonds potentiels.’

Sélection de fonds selon la règle des 6 P

Même si le turnover est habituellement bas, il peut arriver que Nagelmackers se sépare d’un fonds. Antoons explique : Si une équipe de gestion démissionne, la question ne se pose même pas. Vous achetez les services d’un manager chevronné, pas des fonds. Chaque année, nous mettons également à nu chaque fonds et nous le passons au rayon X pour vérifier si tous les processus répondent encore à nos attentes. Si ce n’est pas le cas, nous vendons.’

Nous sélectionnons nos fonds selon la règle des 6 P : people (personne), philosophy (philosophie), proces (processus), portfolio construction (élaboration de portefeuille), protection of shareholders (protection des actionnaires) et performance (performance). Les gestionnaires de fonds thématiques n’ont pas besoin de frapper à la porte de Wim Antoons, ces fonds ne cadrant pas avec la méthode de notre investisseur. Selon lui, ils sont trop sensibles aux tendances, trop restreints et souvent trop volatiles sur le long terme. ‘Nous avons aussi dans notre portefeuille des secteurs porteurs. Si, à côté des fonds régionaux, vous intégrez encore dans votre portefeuille des fonds thématiques, à la longue vous ne savez plus où vous en êtes.’ 

La directive Mifid II, un vaste exercice de réflexion

Pour l’avenir proche, Wim Antoons est avant tout curieux de voir comment va s’affirmer la directive Mifid II sur le marché belge. Depuis 2013 déjà, Nagelmackers est conforme à Mifid. Depuis lors, la banque applique des frais de gestion fixes à tous les profils et paie aussi toutes les rétrocessions de frais à ses clients. Cela n’a cependant pas empêché Wim Antoons de passer ces derniers mois d’un groupe de travail Mifid à l’autre, car la loi comprend bien plus que de simples nouveaux formulaires de profil. La FSMA fait preuve de souplesse, selon Antoons, pour autant que les parties se montrent ouvertes sur les progrès qu’elles enregistrent.

Antoons explique encore : ‘L’Autorité des services et marchés financiers apprécie de rester informée des progrès que vous réalisez. Chez nous, la plupart de nos erreurs de jeunesse sont à présent résolues.’ D’après l’investisseur, le Total Cost of Ownership est une réflexion qui occupe l’ensemble du secteur : ‘Nous nous posons tous des questions sur son utilité. Avant, on pouvait mettre le rapport d’audit à disposition des clients qui le désiraient. Aujourd’hui, ils reçoivent spontanément un tas d’informations qu’ils n’attendaient peut-être tout simplement pas.’ 

Il s’interroge également sur le fait que l’Execution Only (NDT : exécution simple) ne figure pas au rang des règles strictes. Antoons appelle cela une ‘lacune législative’. ‘De sa propre initiative, un investisseur peut acheter tout ce qu’il veut. Mais si, sous considération de la directive Mifid II, vous cochez la mauvaise case, vous ne pouvez plus investir nulle part. C’est complètement illogique.’

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