Mifid II est entrée en vigueur le 3 janvier. Cette directive européenne implique d’importantes conséquences pour le secteur belge des investissements. La Grande-Bretagne, où l’interdiction de rétrocession s’applique déjà depuis 2010, laisse entrevoir l’ampleur exacte de ces conséquences.
« À l’instar de la Belgique, la Grande-Bretagne compte un nombre relativement élevé de gestionnaires de patrimoine indépendants et d’intermédiaires. Lors de l’introduction de la fameuse “Retail Distribution Review” en 2012, il ne s’est pas passé grand chose au début », expliquait Adam Gent, responsable distribution wholesale pour le Nord de l’Europe chez Allianz Global Investors, à l’occasion d’une entrevue avec Investment Officer.
Externalisation de services
« Si le nombre d’Independent Financial Advisors n’a pas vraiment augmenté, un changement a bel et bien eu lieu dans la tendance croissante de ces IFA à sous-traiter leurs services à des managers discrétionnaires. Un phénomène qui s’applique à la répartition des actifs, mais pour réduire leurs frais, ils ont aussi commencé à conseiller plus de produits indiciels, comme les ETF. Ils se sont également mis à recourir davantage aux plateformes de fonds et aux services externes de back-office et d’ICT. »
Pour l’instant, une partie des grandes banques de Belgique semble opter pour le conseil “dépendant”. Cela leur permet de maintenir en place le modèle de rétrocession, en vertu duquel une maison de fonds fournit une compensation au distributeur pour l’intégration dans sa gamme. Adam Gent pense toutefois que cette pratique se limitera à une période de transition.
Selon ses perspectives, ce ne sera pas viable à terme en raison d’une série d’exigences qui seront imposées par la FSMA, de la professionnalisation du secteur et de la prise de conscience croissante des particuliers quant à l’importance de la réduction des frais sur le rendement. « C’est le client final qui va profiter de Mifid. Les frais vont diminuer et la transparence augmenter parce que les clients paieront un tarif horaire ou bénéficieront d’un forfait global pour les conseils de la banque. »
Les mandats gagnent en importance
Adam Gent et son collègue Tim Soetens, responsable de la distribution wholesale pour le Benelux, soulignent qu’en Belgique aussi, les banques travaillent de plus en plus avec des mandats. Plutôt que de sélectionner des fonds d’investissements, elles traitent par conséquent désormais en direct avec une maison de fonds et peuvent ainsi proposer des conditions plus avantageuses et des frais réduits.
Nos deux experts constatent également en Belgique une évolution vers les fonds de fonds. Ce sont des solutions globales pour le client final, qui font souvent appel à des catégories d’actions exemptes de rétrocession pour les fonds sous-jacents. Il est dans ce cas bel et bien question de conseil indépendant.
« Les intermédiaires restent importants »
En ce qui concerne les intermédiaires ou agents liés, Adam Gent prévoit peu de changement en Belgique. « Ils travaillent à l’échelle locale et entretiennent de ce fait une relation de confiance avec leurs clients, qui ne les consultent pas seulement pour des investissements, mais aussi pour des assurances et des plans de pension et des planifications fiscales. À ce niveau, la situation est similaire à celle de la Grande-Bretagne, où le rôle des IFA reste très important. »
Selon Adam Gent et Tim Soetens, sous l’influence de Mifid II et des frais administratifs qu’elle implique, les produits passifs, bon marché comme les ETF vont gagner en importance dans la composition des portefeuilles. Ce changement de vitesse est déjà en cours.
Pour une partie des fameux ‹index huggers› – ces fonds d’investissement actifs qui collent à l’indice – en particulier, ces produits passifs représentent une menace. Pour l’investisseur, ils révèlent en effet bien plus efficacement si un fonds, frais déduits, apporte encore de la valeur. Tant en Grande-Bretagne qu’aux Pays-Bas, où une interdiction de rétrocession a été instaurée en 2014, les fonds actifs qui ne récupèrent pas leurs frais sous forme de rendement supplémentaire tendent de plus en plus à disparaître.
Allianz Global Investors est une maison active et ne possède pas de produits passifs. Elle s’efforce, entre autres à travers les fonds dits Best Styles, de proposer une alternative aux investissements passifs, mais avec une attente explicite de surperformance. La stratégie évolue avec le marché, mais en surpondérant structurellement certaines zones du marché, elle réalise des primes de risque qui offrent des surperformances stables.
Avec cette approche axée sur les Best Styles, Allianz GI a surpassé l’indice de référence pas moins de quinze fois au cours des dix-huit dernières années.