Loin d’assurer des conditions de concurrence équitables dans le secteur des services d’investissement, la directive Mifid II crée au contraire des inégalités en opérant une distinction entre les conseils fournis sur une base indépendante et ceux qui ne le sont pas.
C’est en tout cas ce qu’affirme François Millet, responsable du développement des ETF et des produits indiciels chez Lyxor Asset Management, interrogé par Investment Officer à l’issue d’une présentation réalisée jeudi dernier lors de l’Investment Summit, dans laquelle il défendait la thèse que les promoteurs d’ETF tireront profit de l’entrée en vigueur de la directive Mifid II en 2018.
« Pas de conditions de concurrence équitables »
François Millet a mis le doigt sur la différence entre banques privées d’une part et conseillers et gestionnaires d’actifs indépendants d’autre part. Le premier groupe donne des conseils de manière non indépendante, et peut donc recevoir des rétrocessions de la part des promoteurs de fonds. Le deuxième groupe (les conseillers et gestionnaires d’actifs indépendants) vise plutôt une gestion discrétionnaire, un modèle dans lequel les rétrocessions sont interdites.
« On ne peut vraiment pas parler de conditions de concurrence équitables. Les acteurs qui proposent une gestion discrétionnaire, comme c’est le cas de la majeure partie des conseillers et gestionnaires d’actifs, sont lésés par rapport aux banques, qui fournissent encore beaucoup de conseils », a confié François Millet à Investment Officer.
Selon lui toutefois, dans les deux cas de figure, les promoteurs d’ETF ont tout à gagner de la directive Mifid. « D’une part, les conseillers vont tout faire pour réduire les frais et auront recours aux ETF, dont les coûts sont faibles, et d’autre part, les banques seront contraintes de communiquer de manière transparente sur leurs coûts, si bien que les clients, de plus en plus sensibilisés à ce facteur, opteront plus facilement pour des ETF. »
C’est une thèse que partage Andreas Zingg, responsable de la gestion de la distribution des ETF chez Vanguard, qui a toutefois indiqué à Investment Officer qu’il n’attendait cette année pas encore de véritable exode des solutions actives vers les produits à gestion passive en Belgique. « Nous tablons toutefois sur une nette hausse des flux à direction des ETF en 2019. »