Maud Reinalter (Belfius AM) estime qu’il faut jouer les valeurs défensives et les émergents au niveau boursier, dans un contexte économique qui va rester difficile en 2024. La dette d’entreprise de qualité est également surpondérée dans les allocations.
« Nous pensons que sommes actuellement au bout du mouvement de hausse des taux dans les pays développés », constate Maud Reinalter (Chief Investment Officer chez Belfius Asset Management). « Dans le même temps, nous tablons sur un ralentissement de l’économie globale pour 2024, principalement causée par la faiblesse de la croissance du PIB en Europe (0,9 % attendu en 2024) et aux États-Unis (1 %). Même, si ce n’est pas notre scénario principal, nous pourrions avoir une récession technique dans la zone euro ».
Contexte récessionniste
Dans le même temps, la Chine n’a pas retrouvé son rôle de moteur économique pour l’économie globale. « La réouverture de l’économie chinoise a clairement constitué une déception, avec des attentes qui se sont dégradées tout au long de l’année 2023. Et nous n’attendons pas non plus de redressement pour l’année prochaine. Mais il faut noter que ces niveaux de croissance sont quand même bien supérieurs à ceux des pays développés ».
Au vu du contexte de ralentissement qui s’annonce et d’un combat contre l’inflation qu’elle estime que les banques centrales vont gagner en 2024, elle s’attend à des baisses des taux directeurs de la part de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne pour la seconde partie de 2024, de l’ordre de 0,75 % pour les États-Unis. « Si le mouvement de baisse devrait également s’enclencher en Europe, son amplitude est toutefois moins facile à discerner en raison notamment des événements au Moyen-Orient, qui pourraient augmenter la facture énergétique ».
Le contexte est aujourd’hui plus favorable pour les marchés émergents, avec une inflation qui a déjà reculé et des taux directeurs qui ont déjà entamé leur décrue dans plusieurs pays.
Ralentissement économique
En ce qui concerne l’allocation d’un portefeuille équilibré de type 50/50, Maud Reinalter indique que la stratégie d’investissement sous-pondère actuellement les actions européennes (17 % de l’allocation) au profit des actions émergentes dans la poche actions. « Par rapport à nos concurrents, notre allocation neutre privilégie les actions émergentes en raison des perspectives de croissance plus élevées sur le long terme ».
« Nous sommes toutefois globalement neutres sur les actions, avec une allocation de 49 % d’un portefeuille de type équilibré ». Au niveau sectoriel, ce sont les secteurs plus défensifs qui vont être privilégiés, comme les producteurs de biens de consommation ou les soins de santé. « Dans un contexte macroéconomique plus difficile, ce sont des segments qui devraient continuer à bien se comporter avec des demandes qui sont assez inélastiques. »
Mouvements sectoriels
« Nous restons également positionnés sur la thématique de la transition énergétique, même si la hausse des taux a fait pression sur la performance en 2023. Les dépenses des gouvernements vont continuer de soutenir les acteurs exposés sur cette problématique ». À l’inverse, elle estime qu’il faudra plutôt attendre 2024 pour revenir sur le secteur immobilier en dépit de valorisations qui ont fortement corrigé.
« Nous privilégions bourse américaine (20 %) aux actions européennes, car nous préférons les valeurs non cycliques des États-Unis aux valeurs cycliques de l’Europe, même si elles sont plus chèrement valorisées. La prime de valorisation est donnée à des sociétés d’innovation qui continuent d’afficher des taux de croissance rapides ». Elle souligne avoir toutefois réduit l’exposition sur la technologie américaine depuis le début de l’année. « Nous sommes dans l’attente de points d’entrée plus attractifs à moyen terme ».
Attrait des obligations
Maud Reinalter souligne que les mouvements les plus importants sur les portefeuilles ont été réalisés sur la partie obligataire depuis le début 2023. « Nous avons très progressivement renforcé cette poche depuis la fin 2022, plus particulièrement sur la dette d’entreprise de qualité investment grade (20 % du portefeuille 50/50) dans la zone euro, avec des émissions qui rapportent aujourd’hui plus de 4 %.
« Nous avons également redéployé une partie de nos liquidités vers les obligations gouvernementales avec une duration plus longue », explique la CIO, qui reste en revanche largement à l’écart de la dette à haut rendement, susceptible de souffrir dans un contexte de hausse attendue des taux de défaut.
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