« Parmi les Sept Magnifiques américaines, seule Nvidia répond à nos critères en matière d’investissement à impact », déclare Arjan Palthe, Fund Manager Triodos Global Equities Impact Fund. Notamment du fait de la sous-pondération de la Big Tech, le fonds s’écarte fortement de l’indice.
Le Triodos Global Equities Impact Fund investit dans un portefeuille concentré de 50 à 70 grandes entreprises cotées offrant des solutions durables. Grâce à l’envolée de son cours, Nvidia est devenue la plus importante du portefeuille, avec une pondération de plus de 4 %.
« Nvidia a un impact clairement positif, car ses puces d’intelligence artificielle consomment de moins en moins d’énergie et améliorent la qualité et la productivité dans le domaine des soins de santé, par exemple », explique Arjan Palthe, gestionnaire du fonds, pour justifier le choix du géant des puces.
Malgré la concentration du portefeuille, Arjan Palthe estime que la diversification des risques est adéquate. « Bien que nous excluions naturellement certains secteurs tels que l’industrie fossile, nous avons une bonne répartition entre les secteurs et les pays. Nous visons également un style d’investissement neutre, en équilibrant les actions de croissance et les actions de valeur. »
Avec un bêta d’environ 1, le fonds n’est pas plus volatil que le marché malgré sa concentration. Arjan Palthe estime que l’investissement à impact n’implique pas nécessairement plus de risques. « Nous pouvons réduire le risque ESG grâce à une recherche fondamentale approfondie, en prenant également en compte les controverses passées. Avec les grands portefeuilles comportant des centaines d’actions, il est beaucoup plus difficile de cartographier ces risques. »
Collecte nette
Le fonds (LU0785617423) n’a pas réussi à suivre l’indice ces dernières années. Au cours des cinq dernières années, le rendement a été en moyenne de 8,1 % par an, contre 13,4 % pour le MSCI World. Les énergies renouvelables ont enregistré des résultats médiocres ces dernières années, tandis que les actions des combustibles fossiles ont au contraire grimpé en flèche. De plus, le fonds a largement manqué la forte progression des actions des grandes entreprises technologiques américaines, explique Arjan Palthe : « Parmi les Sept Magnifiques, nous ne détenons que Nvidia, car les six autres ne répondent pas à nos critères d’impact. »
De nombreux fonds Article 9 vert foncé sont restés à la traîne du marché pour ces raisons, ajoute-t-il. « Cependant, cela reste relatif, car nous atteignons constamment de nouveaux sommets historiques. Notre fonds suscite de toute façon beaucoup d’intérêt, car les fonds de pension se tournent de plus en plus vers l’investissement à impact. Au bout du compte, nous continuons à enregistrer une collecte nette. »
Selon Arjan Palthe, les investisseurs doivent parfois accepter une sous-performance, car le fonds s’écarte de 95 % de l’indice de référence. « Comme les grandes valeurs technologiques américaines représentent 20 % de l’indice mondial, il n’y a pas lieu de nous comparer à elles. L’historique de notre stratégie remonte à 20 ans et, sur cette longue période, le rendement est raisonnablement conforme à l’indice de référence. »
De l’eau propre en portefeuille
Le fonds sélectionne des entreprises ayant un impact positif sur cinq thèmes de transition : transition des ressources, transition énergétique, transition alimentaire, transition sociale et transition du bien-être. Ces thèmes peuvent être subdivisés en Objectifs de développement durable (ODD). Par exemple, le thème de la transition du bien-être est assez dominant dans le portefeuille, avec des entreprises pharmaceutiques et de technologie médicale, comme des fabricants d’appareils auditifs. Selon Arjan Palthe, ces entreprises contribuent à l’Objectif de développement durable « bonne santé et bien-être » (ODD 3).
En outre, les objectifs « eau propre et assainissement » (ODD 6) et « mesures relatives à la lutte contre le changement climatique » (ODD 13) occupent une place importante dans le portefeuille. Au total, environ deux tiers du portefeuille sont exposés à ces trois objectifs, explique Arjan Palthe. « Cependant, les ODD ne sont pas au centre du processus d’investissement, car nous voulons principalement une exposition aux thèmes de transition que nous avons définis. »
Interlocuteur sérieux
La recherche montre que les investisseurs peuvent avoir un impact principalement par le biais du capital-investissement et des petites capitalisations. Les grandes entreprises cotées en Bourse sont souvent actives dans différentes activités, avec un impact à la fois positif et négatif. C’est pourquoi, selon Arjan Palthe, il est primordial de rendre l’impact positif des entreprises mesurable. « Nous utilisons des données ESG externes à cette fin. Notre propre équipe de dix analystes utilise ensuite ces données pour analyser l’impact positif d’une entreprise. Le critère de base est qu’au moins un tiers des produits ou services doit avoir une influence positive sur la société. Au niveau du portefeuille, ce seuil est de 50 % et atteint actuellement 60 %, contre 22 % pour le MSCI World. »
L’engagement est également important pour Triodos. « Comme nous investissons souvent sur de longues périodes dans un nombre relativement restreint d’actions, nous connaissons très bien les entreprises. Nous rencontrons la direction au moins deux fois par an, et constatons qu’elle nous considère comme un interlocuteur sérieux. L’avantage des grandes capitalisations, c’est que lorsque leurs activités entraînent un changement positif, l’impact est immense. »
Les actions des entreprises contribuant à la transition du bien-être affichent actuellement de bonnes performances, déclare Arjan Palthe. Selon lui, ce thème offre également de nombreuses opportunités d’investissement, car le secteur médical coté est assez vaste. Le fonds détient notamment EssilorLuxottica, Novo Nordisk et Intuitive Surgical. En revanche, le thème de la transition énergétique, qui inclut les producteurs et les fournisseurs d’énergie solaire et éolienne, s’est moins bien comporté ces derniers temps. La hausse des taux d’intérêt et les victoires électorales des partis de droite en Europe créent actuellement de l’incertitude, explique Arjan Palthe. « Cependant, nous voyons encore du potentiel dans ce secteur, notamment parce que le pacte vert se poursuit et que de nombreux parcs éoliens seront construits au cours des prochaines décennies. »