Ces dernières années, la surperformance des « actions de croissance » par rapport aux « actions de valeur » a été un facteur déterminant pour les marchés. Cette surperformance a été très marquée en 2018 et début 2019. C’était prévisible à bien des égards maintenant que la fin du cycle économique approche, explique Rory Bateman, responsable Actions européennes chez Schroders.
Dynamisme passif
Comme les actions de valeur sont plus étroitement liées au cycle économique, leur rendement est moins prévisible. Les actions de croissance affichent en revanche des bénéfices clairement visibles et le marché est prêt à payer plus pour en acquérir, ce qui se traduit par une hausse des cours. Le cycle économique actuel dure depuis longtemps, de même que la surperformance des actions de croissance.
Mais Rory Bateman pense que d’autres facteurs jouent également. Les marchés boursiers ont connu un afflux important de capitaux passifs. Et les capitaux passifs créent une sorte de dynamique d’échange ; l’argent afflue surtout vers les sociétés qui obtiennent de bons résultats et sont surpondérées au sein de l’indice. À moyen terme, cela pourrait devenir préoccupant si l’argent continue à affluer vers les actions sans tenir compte des fondamentaux sous-jacents.
Trop peu chères pour pouvoir être ignorées
Rory Bateman pense que l’on approche du point où les actions de valeur sont tellement bon marché que l’on ne peut plus les ignorer. C’est à ce moment-là qu’elles commencent à mieux performer. Les investisseurs doivent regarder au-delà de la fin du cycle. Si l’économie ralentit, les investisseurs vont guetter le prochain redressement de la rentabilité. Cet élément fait le jeu des investisseurs en valeur.
La différence entre actions de croissance et actions de valeur existe dans le monde entier, mais elle est très significative en Europe. À l’échelle mondiale, les actions de croissance ont surperformé les actions de valeur de 5 pourcent en glissement annuel au cours des cinq dernières années. Cette surperformance extrême rend les actions de croissance vulnérables en cas d’apparition sur le marché d’un comportement d’aversion au risque. L’aversion au risque se fait surtout ressentir au niveau des actions de qualité et de croissance, en particulier si les sociétés concernées ne parviennent pas à engranger les bénéfices escomptés.
L’aversion au risque est négative pour l’ensemble du marché des actions, mais compte tenu des valorisations élevées des actions de qualité et de croissance, celles-ci seront plus durement touchées - selon Rory Bateman - tandis que les actions de valeur se porteront relativement mieux.