Slagboom bij grens
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Beaucoup moins d’opérations, beaucoup moins d’argent frais : les gestionnaires de fonds de capital-investissement ont connu une période particulièrement difficile au cours des derniers mois. Les spécialistes estiment qu’un bouleversement est à prévoir. Le secteur a atteint ses limites. 

Incertitudes concernant les droits de douane, l’inflation et les valorisations : après plusieurs mois calmes au début de l’année 2025, le capital-investissement est entré dans une tempête parfaite à partir du mois d’avril. Les acheteurs et les vendeurs ont tout remis à plus tard, attendant d’être plus confiants dans une issue favorable et, surtout, d’avoir plus de certitudes.

Du fait de cette attitude attentiste, le nombre de transactions de capital-investissement conclues a atteint son plus bas niveau depuis la pandémie, en 2020, à 902, selon les calculs de S&P Global Market Intelligence. La baisse n’a pas été trop marquée au premier trimestre (14,4 % de moins que les trois derniers mois de 2024), mais elle s’est accentuée sur les trois mois suivants, avec un nouveau recul de 17,3 %. 

La situation est similaire pour les transactions annoncés, selon le récent rapport de KPMG intitulé Pulse of Private Equity. Au niveau mondial, le deuxième trimestre 2025 a été marqué par une baisse de 17 % (de 4527 à 3769 transactions annoncées) par rapport au premier trimestre, avec un reflux de 28 % de la valeur totale. 

Parallèlement, les gestionnaires ont également du mal à lever de nouveaux fonds. À cet égard, le premier semestre 2025 a été le plus faible depuis la pandémie. Par rapport à l’année dernière, la baisse atteint plus de 17 %.

Nombre de transactions de capital-investissement conclues par trimestre

La situation semble désastreuse, mais les spécialistes appellent à nuancer, d’autant plus que la cause du problème est évidente. Pour Koen van Mierlo, responsable de l’analyse chez Bluemetric, « le capital-risque, en particulier, traverse une période très difficile ». Koen Ronda, responsable des marchés privés chez IBS Capital Allies, ajoute : « Les difficultés se font surtout sentir dans les petites organisations et celles de moindre qualité. »

À l’autre extrémité, les rachats d’entreprises et les noms plus importants et bien établis souffrent moins. D’une manière générale, la collecte de fonds pour les rachats d’entreprises reste « assez stable », selon M. van Mierlo. « Aux États-Unis, le capital-investissement a levé 150 milliards de dollars de moins l’année dernière qu’en 2021, mais les deux tiers de cette « perte » sont imputables au capital-risque. »

Patrimoine privé

Selon Koen Ronda (photo), le fait que les grands acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu est en partie dû à l’augmentation de la demande sur le marché du patrimoine privé qui, contrairement au marché institutionnel, s’est fortement développé ces derniers temps. « Les grands noms et les acteurs spécialisés ont mieux réussi à attirer à eux ce marché du patrimoine. Les petits acteurs n’ont pas mis en place l’infrastructure nécessaire. » Koen Ronda

Pourtant, même pour les grands acteurs, les risques deviennent de plus en plus évidents, notamment en raison du manque de transactions. M. Van Mierlo souligne qu’il reste encore 1200 milliards de dollars de liquidités en suspens sur le marché. Un quart de cette somme attend une destination depuis au moins quatre ans. « Bien sûr, cela ne fait pas plaisir aux investisseurs, car pendant ce temps, vous payez des frais sur ce capital engagé. »

Liquidité

Le retard des distributions aux investisseurs, exprimé par le ratio dpi (distributed to paid-in capital) constitue un deuxième avertissement. Koen van Mierlo (photo) indique que « ce chiffre est inférieur à la moyenne historique ». « Un fonds créé en 2018 devrait aujourd’hui avoir un dpi de 0,8. C’est en fonction de cela que les investisseurs ont adapté leur planification des liquidités. Mais ce ratio est aujourd’hui de 0,6. Ainsi, sur un investissement de 10 millions d’euros, vous avez à ce stade reçu 2 millions d’euros de moins que ce que vous aviez prévu. En tant qu’investisseur, avez-vous une solution à proposer ? »Koen van Mierlo

Il n’est donc pas étonnant, selon M. Ronda d’IBS, que les acteurs institutionnels réduisent régulièrement leurs investissements. « Or, un bon nombre de sociétés de capital-investissement dépendent fortement de ce marché institutionnel. Ça va se compliquer pour elles. » À cela s’ajoute le faible nombre de sorties. M. Ronda pense que le niveau n’est « pas encore dramatique », mais ce n’est pas une bonne nouvelle. « Nous avons connu plusieurs années où l’écart entre le prix demandé et le prix du marché était important, et les vendeurs demandaient alors d’attendre encore un an. Mais le temps presse désormais et les délais d’attente s’allongent. »

L’une des solutions à ce problème sont les véhicules de continuation. « Ils sont en partie caractéristiques de notre époque », estime M. Ronda. Mais d’un autre côté, « ils pourraient très bien en faire partie de manière structurelle, en tant que nouvelle voie de liquidité standard. »

Inflation

Que va-t-il se passer désormais ? Les spécialistes ne s’aventurent pas à faire des prédictions à court terme. Ils laissent entendre qu’il existe une « nouvelle réalité » pour le capital-investissement. « On peut aussi considérer qu’il s’agit d’un bouleversement temporaire », affirme M. Ronda. « Ce serait également une étape logique et positive dans la maturation du capital-investissement. Le marché a connu une croissance très forte ces derniers temps, et lorsque les choses se dégradent, il y a naturellement quelques victimes. On atteint ensuite un nouvel équilibre, un retour à la normale. »

Cela deviendra plus probable, surtout si l’inflation augmente dans un avenir proche. Le marché des rachats pourrait également être plus durement touché. « Un bouleversement ? s’interroge Koen Van Mierlo. Oui, c’est possible. Quoi qu’il en soit, le capital-investissement devient de plus en plus compétitif. On parle sans cesse du boom de 2021, mais cette année-là s’est révélée exceptionnelle. Au cours de la dernière décennie, aucune année ne s’est approchée de ce qui s’est passé à l’époque en termes de sorties et de volume de transactions. Mais encore une fois, la situation n’est pas mauvaise partout en ce moment. La dispersion entre les gestionnaires reste élevée. Pour l’investisseur, la sélection des gestionnaires joue un rôle crucial à l’heure actuelle. »

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