Hier marquait le premier jour du second mandat de Donald Trump. Ce mandat sera différent du premier. Personne ne s’attendait à sa victoire en 2017 et ni lui ni le parti républicain n’étaient préparés à la présidence. Cette fois-ci, c’est différent.
M. Trump a non seulement remporté l’élection, y compris le vote populaire, mais la domination républicaine au Sénat, à la Chambre des représentants et à la Cour suprême a même été renforcée. De plus en plus de partisans de Donald Trump ont rejoint le parti ces dernières années. Pendant son premier mandat, les démocrates se sont opposés catégoriquement à M. Trump dès le début, y compris avec des tentatives d’impeachment. Cette fois-ci, il semble y avoir moins d’opposition et plus d’unité dans le paysage politique. Même à Wall Street, certains font désormais ouvertement savoir qu’ils ont voté pour Donald Trump.
L’opinion publique fixe la limite
À 47,6 %, la cote de popularité de M. Trump est en hausse par rapport à son premier mandat. L’improvisation qui caractérisait le début de ce dernier a également disparu. Les médias ont perdu tellement de crédibilité que Donald Trump peut se permettre d’en ignorer une grande partie. Pourtant, le mandat de M. Trump n’est pas illimité. Il a promis d’arrêter l’afflux d’immigrants à la frontière, mais lorsque les déportations massives également promises ne s’arrêteront plus aux criminels et que les mères seront séparées de leurs enfants, l’opinion publique pourrait rapidement basculer. Donald Trump doit également veiller à ce que l’augmentation des droits de douane sur les importations n’affecte pas les consommateurs américains.
Garant du pouvoir d’achat
En termes de contexte économique, la grande différence par rapport au dernier mandat est l’inflation. Lorsque Donald Trump a été président pour la première fois, l’inflation n’a pas joué de rôle, mais après la forte inflation qui a marqué le mandat de Joe Biden, Donald Trump sait qu’on ne gagne pas d’élections avec une inflation aussi élevée. Dans tous les pays développés où des élections ont eu lieu l’année dernière, les partis au pouvoir ont perdu à cause de l’inflation. Pour que M. Trump gagne également les élections de mi-mandat, il doit maîtriser l’inflation afin que les Américains ordinaires y trouvent leur compte. Cela signifie qu’il ne peut pas laisser le déficit budgétaire se creuser davantage.
Il y a encore beaucoup de républicains qui sont en désaccord avec cela. Le secrétaire au Trésor de Donald Trump vise un déficit budgétaire de 3 %, ainsi qu’une croissance économique de 3 %, rendue possible en partie par une production pétrolière supplémentaire de 3 millions de barils par jour. En outre, M. Trump n’interférera pas avec les décisions de Jerome Powell. Dans l’ensemble, il s’agit d’une politique conservatrice et favorable au marché.
Politique commerciale non conventionnelle
Au cours de son premier mandat, Donald Trump a troqué la politique monétaire non conventionnelle contre trois nouvelles formes de politiques non conventionnelles. Par exemple, il a réduit les impôts au plus fort du cycle économique, a procédé à une vaste déréglementation et a tenté de créer des conditions de concurrence équitables pour les entreprises américaines confrontées à des barrières commerciales en Europe et en Chine. La baisse des impôts et la déréglementation lui ont largement réussi, mais il a a moins réussi dans le domaine du commerce.
Le conflit avec la Chine s’est encore aggravé sous la présidence de M. Biden, et M. Trump se sent désormais obligé d’utiliser les droits de douane pour négocier de meilleurs accords bilatéraux.
Aux États-Unis, cet aspect de la politique étrangère relève presque entièrement de la compétence du président. Il est donc important que Donald Trump mesure son succès à l’aune des performances du marché boursier. Les mesures considérées comme défavorables par le marché ont peu de chances de durer.
Baisse des impôts
Pour réduire davantage les impôts, M. Trump doit négocier avec le Congrès. Le plafond de la dette revient sur le devant de la scène, et il y a encore beaucoup de membres du Tea Party, au sein du parti républicain, qui insistent sur la nécessité d’un budget équilibré. En outre, les réductions d’impôts temporaires introduites au cours de son premier mandat n’ont pas encore été prolongées. Ces dernières représentent l’équivalente de 4 000 milliards de dollars. Au cours de sa campagne, Donald Trump a également fait quelques propositions fiscales supplémentaires. Il a notamment demandé la suppression des taxes sur les pourboires, les prestations sociales et les heures supplémentaires.
Les risques d’une présidence Trump
Le plus grand risque de M. Trump réside peut-être dans son admiration pour les dirigeants forts. Cela peut l’amener à conclure facilement des accords avec ces pays, mais il pourrait malheureusement bien rapidement faire trop de concessions. Il y a donc de fortes chances qu’un accord sur la guerre en Ukraine se révèle relativement favorable à Poutine. Bien qu’il n’ait pas réussi à mettre un terme à la guerre dans les 24 heures qui ont suivi son entrée en fonction, tout le monde sent que la fin est proche. Les Américains auront probablement beaucoup moins de difficultés que les Européens à relancer le commerce avec la Russie.
En outre, des membres de son équipe ont déjà indiqué que Taïwan devrait être considérée comme une province renégate de la Chine, ce qui correspond exactement aux souhaits de Pékin. Il est également possible que Donald Trump opte pour un accord en Iran qui maintienne les mollahs au pouvoir, alors même qu’un changement de régime semble réalisable très prochainement dans ce pays.
Un environnement économique unique
Les politiques de M. Trump, combinées au bond actuel de la productivité, créent un environnement économique particulier que nous n’avons pas connu depuis 100 ans. Cette croissance de la productivité stimule la croissance économique et freine l’inflation. La baisse des impôts, la déréglementation, une politique budgétaire et monétaire prudente et une plus grande marge de manœuvre pour le libre marché présentent de fortes similitudes avec l’économie de l’offre sous Reagan et Thatcher. C’est cette combinaison qui a donné lieu aux « Année folles » il y a 100 ans, une décennie également connue pour le jazz. Cette fois-ci, nous devrons nous contenter des Village People.
Han Dieperink est directeur de la stratégie d’investissement chez Auréus Vermogensbeheer. Il a auparavant été directeur des investissements chez Rabobank et Schretlen & Co.