
La guerre commerciale est terminée. Avec l’accord conclu dimanche entre les États-Unis et l’Europe et la probabilité accrue d’une avancée majeure avec la Chine au mois d’août, on assiste à un véritable retournement de situation après les incertitudes liées aux droits de douane sur les importations qui avaient régné au cours des premiers mois de l’année. Pour les marchés financiers, la levée des incertitudes est toujours une bonne nouvelle. Une nouvelle victoire pour Donald Trump, qui prouve que sa tactique consistant à miser gros fonctionne.
Quiconque aurait prédit, il y a un an, que l’Europe et le Japon accepteraient des droits de douane à l’importation de 15 % n’aurait pas été pris au sérieux. Ces droits de douane sont bien supérieurs à ce que les économistes considèrent depuis longtemps comme acceptable pour des relations commerciales normales. Pourtant, c’est exactement ce que Donald Trump a réussi à faire, non seulement avec l’Europe, mais aussi avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l’Indonésie. Les droits de douane de 15 % sur les importations constituent la limite inférieure, ce qui est désormais considéré comme une bonne affaire.
L’accord avec l’Europe est particulièrement important, car l’UE est le premier partenaire commercial des États-Unis. Il ne s’agit pas seulement d’un symbole : les enjeux financiers sont réels. La menace de voir imposer des droits de douane de 30 % à partir du 1er août a contraint les négociateurs européens à faire des concessions impensables sous les administrations américaines précédentes. Pour l’industrie automobile allemande, par exemple, cela signifie une réduction de 27,5 à 15 %, ce qui est encore douloureux, mais mieux que les 30 % qu’ils auraient pu se voir infliger. On a ainsi l’impression que les droits de douane à l’importation diminuent au lieu d’augmenter.
The Art of the Deal dans la pratique
La stratégie de négociation de Donald Trump s’est révélée fructueuse à maintes reprises : commencer par des demandes extrêmes, créer un sentiment d’urgence par des délais et forcer l’autre partie à choisir entre le mauvais et le pire. Les 15 % que l’Europe accepte aujourd’hui ont été décrits par la présidente de l’UE, Ursula Von der Leyen, comme « le mieux que nous pouvions obtenir » : une déclaration qui met immédiatement en évidence l’équilibre des pouvoirs. L’accord comprend également des engagements substantiels : l’Europe achète pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains et investit 600 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis. En outre, l’UE achètera également des équipements militaires d’une valeur de « centaines de milliards ». Ces chiffres montrent à nouveau que Donald Trump utilise les droits de douane à l’importation pour obtenir un meilleur accord.
Optimisme des marchés
Pour les marchés boursiers, cet accord commercial marque le point de départ d’un essor plus large. L’incertitude qui planait sur les entreprises depuis des mois disparaît maintenant que les niveaux des droits de douane sont connus. Les entreprises peuvent s’en sortir avec des droits de douane prévisibles de 15 % au lieu de droits plus faibles mais imprévisibles.
L’accord commercial s’ajoute à une série de facteurs qui pourraient stimuler les marchés au cours des 12 prochains mois. Tout d’abord, l’effet de levier opérationnel est un facteur important, car les entreprises peuvent enfin profiter d’une croissance des volumes sans augmentation proportionnelle des coûts. En outre, les chiffres trimestriels des entreprises montrent que l’intelligence artificielle commence à porter ses fruits, les gains de productivité se traduisant par des marges bénéficiaires plus élevées. Un dollar plus faible aide les multinationales américaines à convertir les bénéfices réalisés à l’étranger.
Les économies d’impôts réalisées grâce à la loi « One Big Beautiful Bill » et la baisse des prix de l’énergie permettent de répercuter une plus grande partie de la croissance du chiffre d’affaires sur les bénéfices nets. En outre, les gains sont faciles à comparer avec ceux de l’année dernière, lorsque l’incertitude commerciale avait ralenti la croissance. Enfin, il existe une demande latente, les entreprises ayant reporté leurs investissements au cours des derniers mois. Dans l’ensemble, cela permet désormais de dépasser plus facilement les prévisions des analystes. Pour finir, des baisses de taux de la Fed sont prévues. Pendant longtemps, l’incertitude entourant les droits de douane à l’importation a empêché d’y voir clair sur les prévisions d’inflation. Cette ambiguïté levée, la Fed peut passer à la vitesse supérieure.
Réactions européennes : douloureux mais acceptables
Les réactions européennes montrent la réalité de la démonstration de puissance de Donald Trump. Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a salué l’accord qui a permis d’éviter « une escalade inutile », tout en reconnaissant qu’une guerre commerciale « aurait durement touché l’économie allemande orientée vers l’exportation ». La Première ministre italienne Giorgia Meloni a salué l’accord comme la preuve que l’Europe et les États-Unis ont travaillé ensemble pour éviter « le piège de ceux qui appelaient à un affrontement ». Ces réactions montrent que, malgré la douleur, l’Europe est soulagée d’avoir évité le pire. La percée attendue avec la Chine lors des négociations de Stockholm cette semaine pourrait mettre fin à la guerre commerciale une fois pour toutes. Une prolongation de la trêve commerciale au-delà du 12 août semble probable, d’autant plus que M. Trump peut désormais mettre en avant ses succès dans d’autres domaines pour prouver que son approche fonctionne.
Conclusion
Pour les investisseurs, l’accord marque la fin d’une période d’incertitude extrême et le début d’un cycle où de multiples facteurs se conjuguent pour stimuler les marchés. La guerre commerciale est terminée – et l’Amérique a gagné. La stratégie commerciale du président américain a créé une nouvelle réalité dans laquelle les droits de douane de 15 % sont devenus la nouvelle norme. Il ne s’agit pas d’un retour au protectionnisme des années 1930, mais d’une version moderne de la diplomatie de la canonnière de Teddy Roosevelt, où l’Amérique utilise son pouvoir de marché pour obtenir de meilleures conditions.
Han Dieperink est directeur de la stratégie d’investissement chez Auréus Vermogensbeheer. Il a auparavant été directeur des investissements chez Rabobank et Schretlen & Co.