Lors des années où un nouveau président américain est élu, on a souvent observé un rebond estival. Les médias accordent généralement beaucoup d’attention aux élections en juillet, du fait des conventions républicaines et démocrates tenues en juillet et août.
Cette année, du fait du débat entre Donald Trump et Joe Biden, les élections américaines n’ont pas attendu l’été pour intéresser les foules. Ajoutons-y la tentative d’assassinat de Donald Trump le week-end dernier, et l’on y voit plus clair sur l’issue des élections américaines : Donald Trump sera le vainqueur.
Par ailleurs, le marché sera dicté, au cours des prochains mois, d’une part par une combinaison d’inflation et de taux d’intérêt orientés tous deux à la baisse, et d’autre part par des surprises positives concernant les résultats des entreprises – un cocktail idéal pour alimenter ce rebond estival.
Moins d’incertitudes politiques
Jamais autant d’élections ne s’étaient tenues en une seule année. Les élections britanniques et françaises sont à présent terminées et, si leurs résultats ne sont peut-être pas les plus optimaux pour les marchés financiers, les choses ont fini par se tasser de ce côté-là.
Les élections ont le mérite de clarifier les choses et de faire disparaître les incertitudes. Généralement, la Bourse peut alors remonter. Les élections les plus importantes sont bien évidemment les présidentielles américaines, qui auront lieu en novembre. Jusqu’à il y a quelques semaines encore, les deux candidats étaient à égalité. Donald Trump avait initialement l’avantage, mais les choses se sont ensuite améliorées pour Joe Biden. Cependant, le débat opposant les deux candidats a discrédité le président actuel, qui a même fait naître des doutes au sein du camp démocrate.
À présent, après l’attaque visant Donald Trump, les chances de Joe Biden se sont considérablement réduites. De telles attaques génèrent bien souvent beaucoup de sympathie pour leur victime. De plus, les élections américaines sont axées sur l’argent, et soyons certains que les événements du week-end dernier vont remplir les caisses de campagne de Donald Trump. Des personnes comme Elon Musk et Bill Ackman lui ont d’ores et déjà apporté leur soutien direct.
Les marchés financiers affichent par ailleurs une préférence claire pour Donald Trump, car celui-ci voudrait réduire les taxes, favoriser le pétrole bon marché et déréguler.
Prochaine baisse des taux
La semaine dernière, il est clairement apparu que la Réserve fédérale allait bientôt initier une baisse des taux. Il est à présent clair que les chiffres de l’inflation du premier trimestre, plus élevés que prévu, n’étaient rien de plus que des incidents, et ces chiffres sont, depuis deux mois consécutifs, plus bas que prévu. Jusqu’à récemment, la Fed affirmait qu’elle voulait encore attendre que cette tendance se confirme, mais en se concentrant désormais davantage sur un éventuel ralentissement de l’économie, la banque centrale indique que le taux va pouvoir baisser sous peu.
Le premier abaissement aura vraisemblablement lieu en septembre, et le comité de politique monétaire de la Fed devrait ensuite, jusqu’à l’été 2025, profiter de chaque réunion pour le baisser de nouveau. Le marché, après cette période prolongée de taux élevé, attend depuis quelque temps déjà une telle baisse, et l’effet positif exercé sur la Bourse renforce son sentiment que le moment est enfin venu. D’autres banquiers centraux attendent eux aussi que la Fed commence à baisser le taux pour en faire de même.
S’il était déjà singulier en soi que la BCE baisse le taux d’intérêt avant la Fed, le fait est qu’elle doit désormais l’attendre avant de franchir une autre étape. En Chine et au Japon également, la politique monétaire s’est désormais assouplie. En principe, les marchés émergents sont ceux qui profitent le plus des baisses du taux d’intérêt de la banque centrale américaine.
Les bénéfices des entreprises progressent encore
En fin de compte, ce qui intéresse le marché boursier, c’est l’évolution des bénéfices des entreprises. Au premier trimestre, la surprise fut bien meilleure que prévu. Il n’y en avait pas eu de telle ampleur depuis la crise sanitaire, hormis peut-être la croissance des bénéfices intégralement attribuable aux Sept Magnifiques.
Ce trimestre-ci, les Sept Magnifiques représenteront à peu près la moitié de la croissance des bénéfices. Cela signifie donc que les autres secteurs connaissent eux aussi une croissance plus forte des bénéfices. Cette évolution positive permet au marché de s’élargir et aux différences de valorisation entre les Sept Magnifiques et le reste de marché de s’atténuer.
En prévision des rapports sur le deuxième trimestre, les estimations concernant les bénéfices n’ont guère été revues à la baisse. Cela signifie, en incluant la bonne surprise habituelle, que la croissance des bénéfices pourrait pour la première fois excéder les 10 %. En outre, sur la base de ces évaluations, ce trimestre serait le premier depuis cinq trimestres à enregistrer une hausse des bénéfices de plus de 10 %.
Et cette hausse des bénéfices ne semble pas se limiter aux États-Unis. Au cours des deux prochaines semaines, la moitié des entreprises européennes présenteront leurs résultats et les attentes concernant la croissance des bénéfices y sont équivalentes à celles des États-Unis. Les premiers résultats asiatiques sont eux aussi positifs. Ainsi, grâce à l’évolution des résultats de cette année, le cours de TSMC a gagné 75 % et l’entreprise atteint une capitalisation boursière de plus d’un milliard de dollars.
Conclusion
La hausse des bénéfices, associée à la baisse des taux d’intérêt, constitue naturellement un important atout pour le marché boursier. Ajoutons à cela la disparition des incertitudes politiques et le passage à vide traditionnel de l’été sera vraisemblablement remplacé, cette année, par un rebond estival.
Ce rebond estival ne marque pas une fin de cycle, mais plutôt un début. L’environnement actuel est semblable à celui du milieu des années 1990 et, avec un fort développement de la productivité, quelques bonnes années boursières devraient encore nous attendre.
Han Dieperink est directeur de la stratégie d’investissement chez Auréus Vermogensbeheer. Il a auparavant été directeur des investissements chez Rabobank et Schretlen & Co.