La 22e édition du Mining Forum Europe s’est tenue cette semaine à Zurich. Pendant longtemps, cet événement était un « entre-soi », réunissant principalement des sociétés minières. Avec la hausse formidable du prix de l’or, il y avait cette fois nettement plus de place pour une approche plus large, macroéconomique.
Comme investir dans l’or est mon cheval de bataille, j’ai été invité à prendre la parole. Pour de nombreux participants, en dépit de leur secteur d’activité, ce fut une véritable révélation.
Flux patrimonial
Vous verrez ci-dessous l’un des graphiques qui a marqué les esprits. On peut y voir le transfert de patrimoine attendu des baby-boomers (60 ans et plus) aux générations suivantes. Selon le cabinet Cerulli Associates, un montant astronomique de 72 000 milliards de dollars américains va passer aux mains de la génération X, des milléniaux et de la génération Z !
Ceux-ci recevront donc un gros paquet d’argent les prochaines années. Et ces jeunes générations ont une vision totalement différente de l’argent, de l’investissement et, surtout, de la composition d’un portefeuille bien diversifié. Selon la majorité des baby-boomers, un portefeuille traditionnel 60/40, c’est-à-dire contenant 40 % d’obligations, permet de se constituer un excellent patrimoine pour la retraite. Rien de surprenant à cela, puisque cette génération a connu une époque où les obligations avaient encore un certain rendement, et qu’elle a également été assez choyée en termes de retraites.
Le millénial lambda ne peut pas compter sur cela. Il ne voit donc pas l’intérêt d’un portefeuille standard composé des deux classes d’actifs habituelles : les actions et les obligations. Le bitcoin, les cryptomonnaies, les métaux précieux et d’autres alternatives jouent un rôle beaucoup plus important pour lui.
Cerulli, tout comme d’autres acteurs, en concluent donc logiquement que cela entraînera un changement structurel dans la manière dont les portefeuilles sont composés. Le mélange d’actifs stratégique privilégié par une personne de 65 ans diffère tout simplement de celui d’une personne de 30 ans.
Nouveaux décideurs
Mais ce n’est pas tout… Ce groupe de milléniaux (nous nous en tiendrons, par commodité, à cette génération) comprend également les nouveaux dirigeants, les futurs décideurs politiques, ainsi que les futurs administrateurs de nos fonds de pension, gestionnaires d’actifs et planificateurs financiers. Il ne faut pas sous-estimer le fait que des organisations entières seront bientôt dirigées par les jeunes générations, qui décideront de leurs politiques d’investissement.
Dinosaures
Retour à Zurich… Après la présentation, plusieurs personnes sont venues me voir pour me dire qu’elles avaient vraiment entendu un nouveau son de cloche. Nul besoin, en effet, d’envisager un scénario catastrophe pour que l’or devienne ou demeure un investissement intéressant. Il ne faut pas organiser un conclave d’ultra-pessimistes pour parvenir à la conclusion que l’or est là pour durer. L’homme a vraiment parcouru un long chemin au cours des 5000 dernières années.
Je suis fermement convaincu que l’or demeure, pour l’instant, la forme primaire de valeur dans notre système financier reposant sur l’endettement. Les autorités publiques continuent de générer des quantités massives de dette, et même si des milliards d’euros et de dollars sont imprimés, tant que le système devient plus équilibré (c’est bien sûr la condition absolue) grâce à une augmentation encore plus rapide de la valeur de l’or, il n’y a pas de raison que quelque chose se brise immédiatement.
Si l’on fait l’hypothèse que les jeunes générations le comprennent mieux que les baby-boomers, simplement en raison de leurs expériences différentes, le « grand rééquilibrage » sera bientôt beaucoup plus largement adopté – tout simplement parce que leurs points de vue sur l’argent et l’investissement sont légèrement différents.
Il ne me reste plus qu’à espérer pouvoir revenir l’année prochaine, pour voir si le groupe s’est encore diversifié.
Dans sa newsletter The Market Routine, Jeroen Blokland analyse des graphiques actuels qui reflètent certains aspects frappants macro-économiques et des marchés financiers. Il gère également le fonds Blokland Smart Multi-Asset, qui investit en actions, or et bitcoin.