
Sofina, la holding cotée en Bourse de la famille Boël, a surpris avec l’annonce d’une augmentation de capital de 545 millions d’euros au maximum. Le géant de l’investissement confirme la rigidité du marché du capital-investissement : les sorties de capital d’entreprises privées peuvent être longues, ce qui réduit la liquidité dans l’ensemble de l’écosystème.
Peu de financiers sont autant à l’écoute du monde du capital-investissement qu’Harold Boël, CEO de la holding familiale Sofina, qui investit directement dans des entreprises de renom telles que ByteDance (TikTok), Vinted, Nuxe Cosmetics ou encore l’acteur de la mobilité Dott. En outre, Sofina investit indirectement dans des entreprises de premier plan par l’intermédiaire de fonds réputés tels que Sequoia, Andreessen Horowitz ou Iconiq.
L’augmentation de capital annoncée par la holding mercredi matin, qui a depuis suscité beaucoup d’enthousiasme sur le marché boursier, a été motivée par de nouveaux comportements parmi les sociétés de portefeuille, avec des implications majeures pour l’ensemble du paysage du capital-investissement.
Le modèle économique du capital-investissement repose traditionnellement sur la rotation : les entreprises privées sont cotées en Bourse après quelques années ou sont rachetées, ce qui permet aux investisseurs de la première heure d’obtenir des liquidités. Ces recettes peuvent ensuite être réinjectées dans d’autres entreprises prometteuses par des investisseurs, ce qui déclenche un nouveau cycle.
Capital temporaire ou permanent ?
Mais Sofina constate que le carrousel reste souvent bloqué. « Les entreprises restent privées plus longtemps et les fondateurs recherchent des partenaires à long terme. Les sorties prennent plus de temps », déclare la holding basée à Bruxelles. Par conséquent, certains investisseurs en capital-investissement doivent laisser passer des opportunités intéressantes par manque de liquidités. De l’autre côté du marché, la demande de « capitaux permanents » de la part des entrepreneurs et de leurs entreprises est plus importante, explique Sofina.
Selon la holding familiale, un marché aussi difficile offre l’occasion de passer pleinement à l’offensive, à condition de reconstituer le trésor de guerre. D’où l’augmentation de capital. « Des points d’entrée attrayants se dessinent pour les investisseurs liquides et patients comme nous. »
Plus votre échelle est grande, moins vous dépendez d’opérations de sortie spécifiques et plus vous êtes flexible pour répondre aux opportunités du marché. Dans un environnement de faible liquidité, la puissance financière devient de plus en plus cruciale pour se disputer les plus gros « tickets » dans les fonds de capital-investissement les plus exclusifs.
Non seulement Sofina souhaite réaliser des investissements plus nombreux et plus importants dans de nouvelles entreprises privées, mais elle sait également qu’elle devra rester à bord plus longtemps que prévu dans les entreprises existantes et qu’elle réalisera même des investissements supplémentaires dans les entreprises les plus performantes.
Quelle leçon faut-il en tirer ? Étant donné que les horizons temporels seront plus longs que prévu, il devient important pour les investisseurs d’être bien capitalisés, faute de quoi ils perdent toute flexibilité. C’est en tout cas l’argumentation de Sofina pour justifier cette importante levée de fonds. La noble famille Boël, qui détient près de 55 % du capital, est pleinement impliquée.