imf_istock.jpg

L’Union européenne est face à un défi de taille si elle veut continuer à suivre les États-Unis sur le plan économique. D’après les économistes du Fonds monétaire international (FMI), les investisseurs européens n’investissent pas suffisamment dans le capital-risque et ce secteur est sous-développé dans cette partie du monde.

Alors que la croissance annuelle moyenne du PIB réel américain est de 2,3 % depuis le début des années 2000, l’Union européenne n’atteint qu’ un peu plus de la moitié (1,16 %).

Selon le FMI, cette différence est en grande partie due à la différence de croissance annuelle moyenne de la productivité du travail. Pour accroître la productivité, il faut, selon une publication récente des économistes du FMI, injecter davantage d’argent dans les investissements de capital-risque.

 Les Européens produisent à l’heure actuelle 26 % par heure de moins que ce qu’ils devraient produire si la productivité avait progressé aussi rapidement qu’aux États-Unis depuis 2000. Selon l’économiste Nathaniel Arnold, les acteurs institutionnels n’investissent pas suffisamment dans l’UE, et de ce fait le continent est à la traîne en termes de développement d’entreprises « superstar », qui contribuent de manière disproportionnée à l’emploi total et à la croissance économique.

Un trou béant

Les chiffres en disent long : au cours de ces dix dernières années, les investissements en capital-risque au sein de l’UE ne représentaient que 0,3 % du produit intérieur brut (PIB) annuel, soit environ 130 milliards de dollars. À titre de comparaison, les fonds de capital-risque américains ont amassé 924 milliards de dollars.

« Les investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension et les compagnies d’assurance constituent une source potentielle majeure de capital privé, mais ils investissent actuellement peu dans le capital-risque », explique Nathaniel Arnold à Investment Officer.

Lire aussi Stepping Up Venture Capital to Finance Innovation in Europe

Ce manque de fonds de capital-risque d’envergure en Europe est, selon le FMI, une « faiblesse onéreuse ». Lorsque des start-ups européennes en arrivent au point où elles ont besoin de gros montants pour progresser rapidement, elles s’adressent souvent à des fonds américains. Et nombreuses sont celles qui s’installent aux États-Unis pour profiter des avantages d’un écosystème mieux financé.

Au cours de ces dix dernières années, moins de 35 fonds avec plus de 500 millions d’euros de financement ont été créés au sein de l’UE. Cela signifie que peu de fonds sont en mesure de fournir 30 à 50 millions d’euros à des start-ups individuelles pour financer leur croissance.

Les données d’Invest Europe montrent que les nouveaux fonds de capital-risque de compagnies d’assurance et de fonds de pension ont augmenté ces dernières années, mais Nathaniel Arnold met en avant une augmentation globale des fonds levés. « Les fonds levés par les compagnies d’assurance et les fonds de pension ne constituent qu’une petite partie du total, environ 10 % », déclare-t-il.

Les banques, un obstacle

Les trois auteurs du rapport, parmi lesquels les économistes Jan Frie et Guillaume Claveres, pointent du doigt le système financier européen, qui s’appuie sur les banques. Selon le FMI, le fait que les entreprises aient l’habitude de s’adresser aux banques pour leurs investissements est une « malheureuse réalité », surtout pour les start-ups.

Les start-ups actives dans la technologie de pointe développent souvent de nouvelles technologies et de nouveaux modèles commerciaux dont les risques sont élevés et que les banques ont du mal à évaluer. En outre, les économistes estiment que la valeur de ces start-ups réside souvent dans leur capital humain, leurs idées et d’autres actifs immatériels. « Difficile d’avancer cela comme garantie pour un prêt bancaire », indique le rapport.

Les banques sont également entravées par des règles qui, à juste titre, limitent les prêts aux entreprises à risque qui ne présentent aucune garantie, même s’il s’agit d’entreprises en pleine croissance qui feront sans doute de gros bénéfices par la suite.

Rendement

Toutefois, ce n’est pas parce que les États-Unis disposent de l’écosystème pour start-ups le mieux financé au monde que les investisseurs américains gagnent toujours en fonction de leurs choix. C’est en tous les cas ce qu’indique un rapport de l’organisation Invest Europe.

Les fonds de capital-risque européens ont généré depuis 2002 un rendement annuel net de 12,65 %, ce qui dépasse les 12,25 % des investisseurs américains, selon Invest Europe. Les performances des fonds européens sont en outre meilleures que celles de leurs équivalents américains sur des périodes de cinq et dix ans.

Toutefois, les données de PitchBook contredisent l’analyse d’Invest Europe. En effet, les données relatives au rendement interne (TRI) de 1 709 fonds de capital-risque montrent que jusqu’à l’année dernière, les véhicules américains ont généré de meilleures performances que leurs homologues européens sur presque toutes les périodes.

Les données détaillées des allocations des compagnies d’assurance et des fonds de pension européens en matière de capital-risque ne sont pas aisément disponibles. Les chiffres relatifs à leurs investissements en capital-investissement peuvent être téléchargés sur le site de l’EIOPA. Le capital-risque en fait partie, mais il ne fait pas l’objet d’un rapport distinct. Les rapports sectoriels, comme le rapport Atomico 2023 State of European Tech, montrent que le capital-risque constitue une très petite partie des portefeuilles des investisseurs institutionnels européens.

Articles connexes sur Investment Officer :

Author(s)
Categories
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No