Private markets
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Aux États-Unis, les conseillers en investissement sont attirés par les placements alternatifs, mais, en définitive, ils ne les conseillent pas souvent. Ces produits sont jugés trop illiquides et complexes.

Face à la croissance générale des marchés privés, les conseillers en investissement envisagent d’y recourir plus massivement, mais, si l’on en croit une étude récente menée par Cerulli Associates, un cabinet d’analyses de marché basé à Boston, ils ne sont pour l’instant que 37,20 % aux États-Unis à utiliser des produits alternatifs.

Cette catégorie d’actifs ne représente qu’un timide pourcentage, soit 2,3 %, du mix d’actifs moyen. Et l’enthousiasme pour les alternatives ne devrait pas changer la donne : d’après les prévisions, les investissements ne vont grimper que de 0,8 point de pourcentage dans les 24 prochains mois. Cette faible croissance est due à différents facteurs, au premier titre desquels on trouve l’illiquidité et la complexité de ces produits.

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Daniil Shapiro, directeur chez Cerulli, qui a analysé les choix posés par des centaines de conseillers aux États-Unis, a remarqué que, pour de nombreux investissements alternatifs, c’était le manque de liquidité qui représentait le plus gros obstacle. Dans 54 % des cas, ce problème vient largement contrebalancer l’intérêt des conseillers pour cette catégorie d’actifs.

Dans les investissements alternatifs (le capital-investissement, l’immobilier et le crédit privé), les fonds sont souvent bloqués plus longtemps et la fixation des prix est moins fréquente que pour les obligations et actions traditionnelles. Les conseillers voient cette illiquidité comme un point négatif non négligeable, surtout lorsque les marchés fluctuent beaucoup.

« Ce qu’il faut se demander, c’est si les conseillers qui achètent ces produits semi-liquides pour leurs clients comprennent qu’ils ne pourront peut-être pas vendre quand ils le décideront. Leurs clients pourront-ils faire face à cette illiquidité le moment venu ? », s’interroge Daniil Shapiro lors d’un entretien avec Investment Officer.

Les gestionnaires de patrimoine néerlandais ont récemment renouvelé leur avertissement quant à l’illiquidité des investissements sur les marchés privés. Certes, ils se montrent particulièrement enthousiastes à l’endroit de cette catégorie d’investissement, mais non sans remarquer que les clients ne parviennent pas toujours à évaluer correctement l’illiquidité de ces produits. Les gestionnaires continuent de mettre en garde leurs clients : ils doivent limiter les investissements de cette nature à une petite partie de leur portefeuille et l’argent ainsi placé doit pouvoir rester bloqué pendant de longues périodes.

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Les gestionnaires constatent que les clients ne comprennent pas toujours tous les aspects du fonctionnement des marchés privés. C’est également une des conclusions de l’étude américaine de Cerulli Associates. « Généralement, les actifs alternatifs ont des structures, des mécanismes de rémunération et des stratégies d’investissement plus complexes si on les compare aux fonds d’investissement traditionnels et aux ETF. Ces produits requièrent par conséquent une analyse plus approfondie pour qui souhaite véritablement les maîtriser », explique Daniil Shapiro. Parmi les inconvénients, il pointe également le manque de reporting standardisé et les problèmes dans la qualité des données.

Bien que les conseillers en investissement américains aient traditionnellement tendance à investir le plus gros de leur portefeuille dans des fonds d’investissement, Daniil Shapiro prédit que ce véhicule continuera de perdre du terrain dans les années à venir face aux ETF et aux produits alternatifs.

Quid de l’Europe ?

L’étude menée par Cerulli Associates porte spécifiquement sur les conseillers en investissement américains. Les conseillers néerlandais adoptant une position différente, mais l’Europe connaît toutefois une évolution similaire à ce qui se passe outre-Atlantique.

Selon une étude récente de PGIM, pas moins de 64 % des sélectionneurs de fonds européens affirment que leurs clients sont sous-représentés dans les stratégies d’investissement dans les marchés privés. D’après la maison de fonds, des structures de rémunération plus favorables, une transparence accrue et de plus grandes disponibilité et accessibilité sont nécessaires.

Matt Shafer, directeur de la distribution internationale chez PGIM Investments, s’attend à ce que la demande européenne en investissements sur les marchés privés explose dans les années à venir, à l’instar de ce que l’on a connu avec l’arrivée de nouveaux marchés aux alentours de l’an 2000.

« S’il a fallu du temps pour que les investisseurs apprivoisent les actions et obligations des nouveaux marchés, nul ne pourra plus aujourd’hui prétendre disposer d’un portefeuille suffisamment diversifié s’il n’est pas relativement exposé aux marchés émergents. Une évolution similaire est à prévoir dans la relation aux marchés privés », conclut-il.

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