Vincent Juvyns, JP Morgan
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Les investisseurs en obligations ont le regard tourné vers le compte-rendu de la réunion de la Fed, publié cette semaine. Plus tard ce mois-ci suivront les chiffres relatifs au rythme de la croissance américaine. Un « mois capital pour les investisseurs en obligations », conclut Vincent Juvyns, macro‑stratège chez JP Morgan Asset Management, lors d’un entretien avec Investment Officer.

Le rythme de la croissance ralentit de façon considérable. Partout dans le monde, y compris aux États-Unis. Après une croissance de plus de 3 pour cent au premier trimestre, celle-ci devrait y être diminuée de moitié au deuxième trimestre, prédit Juvyns à l’approche de la publication des chiffres du PIB à la fin du mois.   

« Plus que quelques jours avant la prochaine réunion de la Fed ; la grande question est donc de savoir comment celle-ci va réagir. Admettra-t-elle effectivement, comme l’attendent les marchés, qu’une diminution du taux d’intérêt est nécessaire ? Juillet est un mois capital. »
S’il emploie l’adjectif « capital », c’est d’autant plus en raison des taux d’intérêt extrêmement bas que l’on observe pour les titres à long terme. Le Bund allemand affiche un taux d’intérêt de -0,35 pour cent, le néerlandais de -0,2 pour cent et le suisse de -0,63 pour cent. Juvyns considère le « virage à 180 degrés pris dans la communication relative à la politique monétaire des banques centrales » comme le moteur principal du phénomène. 

Hors du commun

« Quatre augmentations du taux d’intérêt étaient initialement prévues aux États‑Unis en 2019, et la première hausse semblait toute proche en Europe. Mais depuis le début de l’année, les choses sont totalement différentes. L’état actuel du taux d’intérêt à long terme indique que cette politique monétaire souple va se prolonger encore longtemps. »
Si l’on ajoute à cela l’arrivée de Lagarde, le stratège parvient à la conclusion que les marchés ne sont pas près de sortir de la zone du zéro pour cent. « Un environnement hors du commun », répond‑il, lorsqu’on lui demande ce qui lui paraît le plus remarquable dans le climat actuel autour des obligations. « 50 pour cent des obligations d’État des pays développés rapportent moins d’1 pour cent d’intérêts, et 30 pour cent rapportent moins de 0 pour cent. » 

Spend it, or lose it

On note en outre que la situation qui s’est créée répond aux souhaits des banques centrales : « Si les marchés développés offrent un rendement réel négatif, on perd de l’argent en épargnant. C’est là précisément ce que veulent les banques centrales : Spend it, or lose it. De plus, c’est évidemment une formidable opportunité pour les pays très endettés, qui peuvent désormais finaliser leur budget plus facilement. » 
Les choses sont nettement plus difficiles pour les investisseurs. Ils doivent se contenter de tout ce qui rapporte plus de zéro pour cent, ou miser sur la vente de leurs obligations à rendement négatif, pour un rendement encore plus négatif s’ils veulent réaliser des bénéfices. 
Il y a un an encore, JP Morgan AM achetait des Treasuries américains à un taux de 3,25 pour cent. « Ce taux d’intérêt étant maintenant à 2 pour cent, ils offrent encore un rendement intéressant. Il est à présent temps d’engranger une partie de ce bénéfice, y compris pour les obligations à terme. »

Et maintenant ?

Avec ce bénéfice, le gestionnaire de fonds investit à présent dans la dette des marchés émergents (EMD), comme des titres d’État sud‑africains, indonésiens ou malaisiens. « De nombreux pays offrent encore un rendement réel avoisinant les 3 à 4 pour cent, à comparer avec un rendement réel de -2 pour cent pour une obligation d’État allemande. C’est encore très positif. » 
Le haut rendement européen reste également une possibilité, conseille Juvyns. « 3,7 pour cent, ce n’est pas beaucoup, à l’évidence, mais ce n’est pas rien. De plus, le risque de défauts de paiement est historiquement bas. Eh oui, les bonnes affaires sur les marchés obligataires, c’est terminé. Il n’y a plus rien dont on puisse vraiment s’enthousiasmer. » 

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